Modèles de lettre pour demander des dommages et intérêts pour préjudice moral

Relecture le par Gaël THIRION © Lettres-Gratuites.com

Toute personne qui s'estime victime d'un dommage causé par la faute d'autrui est en droit de saisir le tribunal afin d'obtenir la condamnation de l'auteur ou du responsable des faits et la réparation du préjudice qu'elle a subi (Articles 1240 et suivants du Code civil).

Il peut s'agit d'un préjudice corporel lorsqu'il y a une atteinte à la santé ou à l'intégrité physique ou mentale d'une personne, d'un préjudice matériel lorsqu'il concerne les biens ou les intérêts financiers de la victime ou d'un préjudice moral pour les dommages d'ordre affectif ou portant sur son honneur ou sa réputation. Ils peuvent être compensés financièrement par le versement de dommages et intérêts si le juge estime qu'ils sont directement liés à l'infraction, incontestables et évaluables.

Le préjudice moral est le plus difficile à évaluer, car il convient d'estimer la perte de la qualité de vie quotidienne et sociale de la victime, mais aussi la perte affective après le décès d'un proche ou encore l'atteinte à son image après des propos diffamatoires. Pour chiffrer le montant de l'indemnisation, les magistrats vont surtout s'appuyer sur les souffrances physiques et morales endurées jusqu'à la consolidation de l'état de santé de la personne et le déficit fonctionnel permanent résultant de la réduction définitive de ses facultés lorsqu'il y a eu des dommages corporels.

Dans cet article, nous vous guidons à travers des conseils d'experts et mettons à votre disposition des modèles de lettre pour demander une indemnisation du préjudice moral subi selon plusieurs contextes. Nos exemples sont à télécharger gratuitement au format Word ou PDF afin d'être facilement adaptés à votre situation.

Exemples de lettre pour être indemnisé après un préjudice moral (Word ou PDF)

1 - Demande d'indemnisation après le décès d'un proche

Le décès d’un proche, lorsqu’il survient dans des circonstances brutales ou imputables à la faute d’un tiers, peut occasionner un préjudice moral profond et durable. Ce modèle de lettre permet à un proche (conjoint, parent, frère, sœur, enfant, compagnon, amie très proche, etc.) de formuler une demande d’indemnisation pour préjudice moral que ce soit dans le cadre d’une procédure pénale en cours ou d’une action civile indépendante.

Nom et Prénom Adresse postale Code Postal - Ville Téléphone - Email
Nom du destinataire Adresse complète Code Postal - Ville Fait à Ville, le 25 octobre 2025

Objet : Demande d'indemnisation du préjudice subi - LRAR

Madame, Monsieur le Juge,

C’est avec une immense douleur que je vous informe du décès de [lien de parenté ou relation : mon père / ma mère / mon conjoint(e) / mon enfant / mon frère / ma sœur / un proche] survenu le [date] à [lieu] dans des circonstances tragiques. Ce drame a profondément bouleversé ma vie personnelle, familiale et affective.

Depuis ce décès brutal, je souffre d’un préjudice moral manifeste se traduisant par une détresse émotionnelle, une perte de repères et des répercussions psychologiques lourdes telles que [à adapter : insomnies, angoisses, isolement, suivi psychologique nécessaire…]. Ces souffrances affectent gravement ma qualité de vie et justifient légitimement une réparation devant la juridiction compétente.

Il ressort des éléments de l’enquête et des pièces jointes à ce courrier (rapport d’autorité, attestations, certificats médicaux, documents établissant notre lien) que ce décès est la conséquence directe des faits imputables à [Titre, Nom, Prénom], dont la responsabilité est engagée. En conséquence, je sollicite la condamnation de cette personne à m’indemniser pour le préjudice moral subi.

J’évalue ma demande de dommages et intérêts à la somme de [montant] euros au titre de la réparation intégrale de ce préjudice. À cet effet, je me constitue partie civile dans la procédure introduite à l’encontre de la personne mise en cause.

Je joins à ce courrier les documents attestant tant des circonstances du décès que des conséquences qu’il entraîne dans ma vie personnelle. Je reste bien entendu à disposition du tribunal pour toute précision ou complément d’information utile.

En vous remerciant de la considération que vous porterez à ma situation, je vous prie de bien vouloir agréer, Madame, Monsieur le Juge, à mes salutations les plus respectueuses.

2 - Demande d'indemnisation après une diffamation ou du harcèlement moral

Lorsqu’une personne est victime de propos diffamatoires, de harcèlement moral répété ou d’un comportement dégradant et malveillant, elle subit bien souvent un préjudice moral profond, qui peut affecter sa santé mentale, sa réputation, sa vie professionnelle ou familiale. Ce modèle de lettre a pour objectif d’appuyer une demande d’indemnisation dans le cadre d’une procédure judiciaire ou d’un recours civil contre l’auteur des faits.

Nom et Prénom Adresse postale Code Postal - Ville Téléphone - Email
Nom du destinataire Adresse complète Code Postal - Ville Fait à Ville, le 25 octobre 2025

Objet : Demande d’indemnisation pour préjudice moral - LRAR

Monsieur le Juge,

Par la présente, je souhaite attirer votre attention sur les agissements répétés dont je suis victime de la part de [Titre, Nom, Prénom], lesquels ont eu de lourdes conséquences sur ma santé psychologique, ma vie sociale et ma réputation.

Depuis [date ou période], j’ai été la cible de [préciser selon le cas : propos diffamatoires / harcèlement moral / campagnes de dénigrement], diffusés [dans le cadre professionnel / sur les réseaux sociaux / au sein de mon entourage], sans fondement ni justification. Ces agissements ont généré un profond mal-être, une perte d’estime de soi et un isolement progressif, nécessitant un suivi médical régulier. Le préjudice que je subis est personnel, direct et durable.

Les pièces que je joins à ce courrier, notamment [témoignages, certificats médicaux, captures d’écran, constats de commissaire de justice, attestations d’employeurs ou de collègues], permettent d’établir la matérialité des faits et leur gravité.

En conséquence, je sollicite une indemnisation à hauteur de [montant] euros au titre des dommages et intérêts pour le préjudice moral que j’ai enduré. À cette fin, je me constitue partie civile dans l’action engagée [ou à engager] à l’encontre de [Titre, Nom], auteur présumé des faits.

Je reste bien entendu à votre disposition pour fournir toute information complémentaire ou tout document utile à l’évaluation de ma demande.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Juge, l’expression de ma considération distinguée.

Comment demander la réparation du préjudice moral ?

Lorsqu'aucune solution amiable n’a pu être trouvée avec le tiers responsable ou son assurance, la victime peut saisir le tribunal civil compétent afin d’engager une action en responsabilité civile ou, en cas d’infraction pénale, se constituer partie civile devant le juge d’instruction. Selon le cas, la juridiction compétente pourra être le tribunal du domicile du défendeur, du lieu du fait dommageable ou encore du lieu où le dommage a été subi (article 46 du Code de procédure civile).

Le demandeur devra constituer un dossier complet exposant clairement les circonstances du dommage et justifiant l’existence du préjudice moral. Parmi les éléments de preuve recevables : témoignages écrits, certificats médicaux, expertises psychologiques, constats de commissaire de justice (anciennement huissier), courriers ou échanges prouvant les faits, etc. C’est à la victime de proposer un chiffrage précis de son préjudice, en s’appuyant si besoin sur les barèmes indicatifs et la nomenclature Dintilhac, bien que cette dernière ne soit pas contraignante. À noter que le juge ne peut accorder une somme supérieure à celle demandée.

Dans certains cas particuliers, la réparation du préjudice moral peut être prise en charge par des organismes spécifiques. Ainsi, le Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI) peut indemniser les victimes d’infractions pénales lorsque l’auteur est insolvable ou inconnu. En matière d’accidents causés par des véhicules terrestres à moteur non assurés ou non identifiés, c’est le Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO) qui peut intervenir pour indemniser la victime.

Dans le cadre d’une demande d’indemnisation pour préjudice moral, la lettre doit permettre au juge de comprendre les faits, d’en percevoir les conséquences sur votre vie et de justifier le montant réclamé. Voici quelques conseils pratiques :

  • Exposez les faits de manière chronologique : commencez par décrire clairement l’événement ou le comportement fautif à l’origine de votre préjudice moral. Indiquez les dates, lieux, personnes impliquées, et les circonstances précises.
  • Décrivez les conséquences psychologiques ou affectives que cela a eues sur vous : angoisse, stress, insomnies, perte de confiance, isolement, arrêt de travail, impact sur la vie familiale ou sociale, etc.
  • Joignez des preuves concrètes : certificats médicaux (médecin généraliste, psychiatre, psychologue), attestations de proches, témoignages écrits, échanges de courriels ou SMS, constats de commissaire de justice, expertises, etc.
  • Évaluez et justifiez le montant de l’indemnisation demandée : vous pouvez vous appuyer sur des barèmes indicatifs, des décisions judiciaires comparables ou demander un avis médical chiffré. Mentionnez clairement le montant demandé en euros.
  • Indiquez les démarches déjà entreprises : lettre recommandée, tentative de médiation, réponse ou absence de réponse de l’assurance, plainte pénale, saisine d’un avocat, etc.

Le conseil de l'expert : nous vous conseillons vivement de faire appel à un avocat ou à une association d’aide aux victimes afin de maximiser vos chances d’obtenir réparation.

Vous avez trouvé cette page utile ? Partagez !