Modèles de lettre pour contester le testament et l'héritage du défunt

Relecture le par Gaël THIRION © Lettres-Gratuites.com

En France, le principe de liberté testamentaire permet à toute personne majeure ou mineure émancipée d’organiser librement les modalités de sa succession et la répartition de ses biens après son décès. Pour cela, elle peut choisir de rédiger un testament de sa main (testament olographe), de le faire établir par un notaire (testament authentique), de le déposer chez un notaire sans en révéler le contenu (testament mystique) ou encore de rédiger un testament international dans une autre langue.

Pour être valable, le testament doit tout de même respecter certaines obligations légales prévues par les Articles 967 et suivants du Code civil. À défaut, il peut être contesté, annulé ou révoqué par le tribunal judiciaire à la demande d’un héritier ou d’un autre légataire qui s'estime lésé.

En pratique, c’est souvent le testament olographe rédigé sans notaire qui est remis en cause en justice, notamment en cas de formulation ambiguë, d'un acte de donation excessif ou d'une mauvaise répartition portant atteinte aux parts réservataires des héritiers. C'est dans ce contexte que nous vous proposons dans cet article des conseils d'experts et des modèles de lettre pour contester un testament ou une succession pour différents motifs. Nos exemples sont à télécharger gratuitement au format Word ou PDF pour plus de simplicité.

Exemples de courrier pour dénoncer une succession (Word ou PDF)

1 - Dénoncer le non-respect de sa part réservataire au notaire

Ce modèle de lettre est conçu pour permettre à un héritier réservataire de dénoncer au notaire chargé de la succession le non-respect de ses droits légaux dans la répartition des biens. Il s’adresse aux situations où un testament, qu’il soit olographe ou authentique, porte atteinte à la réserve héréditaire en accordant une part insuffisante à l’héritier ou en léguant excessivement à un tiers. Notre exemple peut être adapté selon les circonstances, la nature du testament ou les éléments particuliers de la succession.

Nom et Prénom Adresse postale Code Postal - Ville Téléphone - Email
Nom du destinataire Adresse complète Code Postal - Ville Fait à Ville, le 23 octobre 2025

Objet : Contestation de la répartition successorale - LRAR

Maître,

A la suite du décès de [Titre et Nom du défunt] survenu le [date] à [ville], vous êtes en charge des formalités liées à sa succession. A ce titre, vous m'avez fait part de l'existence d'un testament olographe qu'il / elle avait déposé au sein de votre étude le [date] et qui a fait l'objet d'un enregistrement auprès du FCDDV.

Ayant pris connaissance du contenu de son testament, je vous informe que je conteste vivement les dispositions qui y figurent. Selon moi, elles ne respectent manifestement pas les droits qui me sont légalement réservés en ma qualité qu’héritier(ère) réservataire conformément aux dispositions de l'Article 912 Code civil.

En effet, la part qui m’a été attribuée semble inférieure à la réserve héréditaire qui m’est normalement due. Après lecture de la dévolution successorale et des libéralités consenties, il apparaît que la quotité disponible a été dépassée au profit de [mentionner brièvement : un tiers, un autre héritier, une association, etc.], ce qui constitue une atteinte à mes droits successoraux.

Dans cette situation, je vous serais reconnaissant(e) de bien vouloir procéder à une vérification approfondie de la répartition envisagée et, le cas échéant, de me faire part des éventuelles voies de recours amiables permettant de rétablir l’équilibre de la succession.

Je reste naturellement disposé(e) à échanger dans un esprit constructif pour trouver une solution respectueuse des droits de chacun. Dans l’attente de votre retour, je vous remercie de bien vouloir accuser réception de la présente.

Je vous prie d’agréer, Maître, à mes salutations distinguées.

2 - Contestation en justice du testament pour abus de faiblesse

Ce modèle de lettre est destiné à engager une procédure judiciaire visant à contester un testament olographe sur le fondement d’un abus de faiblesse. Il s’adresse à un avocat ou au greffe du tribunal judiciaire dans le cadre d’une action en nullité du testament, lorsque le testateur, en situation de vulnérabilité (âge, isolement, dépendance), aurait été influencé par une tierce personne au profit de laquelle il aurait rédigé des dispositions testamentaires douteuses.

Nom et Prénom Adresse postale Code Postal - Ville Téléphone - Email
Nom du destinataire Adresse complète Code Postal - Ville Fait à Ville, le 23 octobre 2025

Objet : Contestation judiciaire du testament pour abus de faiblesse - LRAR

Madame, Monsieur le Président,

Je me permets de vous saisir en ma qualité d’héritier réservataire de M. [Nom, Prénom], mon père, décédé le [date] à [lieu du décès], dont la succession est actuellement en cours de règlement.

Un testament olographe, daté du [date], a été déposé auprès de l’étude notariale de Maître [Nom du notaire], et enregistré au fichier central des dispositions de dernières volontés (FCDDV). Ayant eu accès à son contenu, je conteste sa validité pour des motifs graves et légitimes.

À la date de rédaction de ce testament, mon père se trouvait dans un état de grande vulnérabilité, tant physique que psychologique. Placé en résidence pour seniors, il faisait l’objet de visites régulières de la part d’une tierce personne, extérieure à la famille, dont le comportement et l’insistance nous apparaissent aujourd’hui comme manifestement intéressés.

Cette personne a bénéficié dans le testament d’un legs important, à hauteur de [montant] euros, ainsi que de l’intégralité de sa collection de montres de luxe, estimée à [montant] euros selon une expertise récente. Le montant total de la succession s’élevant à [montant total], il ressort que les legs consentis dépassent largement la quotité disponible, au détriment des héritiers réservataires que sont ma sœur [Prénom, NOM] et moi-même.

Nous considérons que les dispositions de ce testament ont été prises sous l’influence indue d’une personne ayant profité de la vulnérabilité de mon père, ce qui constitue un abus de faiblesse au sens de l’Article 223-15-2 du Code pénal, et justifie la nullité de l’acte en vertu des règles du droit civil régissant le consentement vicié.

Nous avons d’ores et déjà mandaté un avocat pour introduire une action en justice visant à faire constater l’invalidité du testament litigieux et à obtenir sa révocation. Nous sollicitons à ce titre l’ouverture d’une procédure devant votre juridiction.

Je reste à disposition pour tout complément d’information et me tiens prêt(e) à produire l’ensemble des pièces justificatives en ma possession (certificats médicaux, témoignages, rapports d’expertise, échanges écrits).

Dans l’attente de l’instruction de cette affaire, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur le Président, à ma considération distinguée.

Comment contester un testament ou une succession ?

Lorsqu’un héritier réservataire estime que ses droits n’ont pas été respectés ou que le partage de la succession est injuste, il peut engager une démarche de contestation de testament dans les 5 ans après la découverte de l’atteinte de ses droits (Article 2224 du Code civil). Pour une action en réduction d’une libéralité portant atteinte à la réserve héréditaire, l’Article 921 du Code civil prévoit un délai de cinq ans à compter de l’ouverture de la succession ou de deux ans à partir de la découverte de l’atteinte, sans dépasser dix ans après le décès. /p>

Mais avant toute procédure judiciaire, une résolution amiable doit être tentée auprès du notaire chargé de la succession. Cette première étape consiste à demander la vérification du testament, le respect de la réserve héréditaire et, le cas échéant, la rectification du partage. Si aucun accord n’est trouvé ou si le notaire refuse d’intervenir, l’ayant droit peut alors saisir le tribunal judiciaire du lieu d’ouverture de la succession avec l’appui d’un avocat en droit des successions.

Quels sont les motifs de contestation possibles ?

La loi prévoit plusieurs motifs légitimes pour remettre en cause un testament :

  • Vice de forme : le testament olographe peut être annulé s’il ne respecte pas les conditions légales, par exemple s’il n’est pas entièrement écrit de la main du testateur, non daté ou signé.
  • Altération des facultés mentales : si le défunt n’était pas en pleine possession de ses moyens au moment de la rédaction, le testament peut être annulé sur la base d’un trouble mental avéré ou d'une altération du jugement.
  • Vice du consentement : toute pression exercée sur un héritier (violence, dol, erreur) peut entraîner la nullité du partage successoral.
  • Révocation judiciaire : le juge peut révoquer un testament si le légataire n’a pas respecté les conditions imposées par le testateur ou en cas d’ingratitude (violences, injures graves, etc.).

Autres recours ouverts aux héritiers

En dehors de la contestation directe du testament, plusieurs actions complémentaires permettent aux héritiers de rétablir leurs droits dans le cadre d’une succession litigieuse :

  • Action en réduction des libéralités : si le testament dépasse la quotité disponible au détriment des héritiers réservataires, ces derniers peuvent demander la réduction des legs excessifs pour faire respecter leur réserve héréditaire.
  • Partage complémentaire : si un bien a été oublié dans l’inventaire successoral, il est possible d’exiger un partage complémentaire sans condition de délai (Article 892 du Code civil).
  • Action en complément de part pour lésion : si un héritier constate qu’il a été lésé de plus du quart dans le partage (par exemple à cause d’une mauvaise évaluation d’un bien), il dispose d’un délai de deux ans à compter du partage pour demander réparation (article 889 du Code civil).
  • Découverte d’un ayant droit omis : l'oubli d'un héritier lors du partage de la succession comme la découverte d'un enfant naturel caché peut aboutir à une réévaluation du patrimoine du défunt.

Le conseil de l'expert : en cas de doute sur vos droits, vos délais de recours ou la stratégie à adopter, consultez un avocat spécialisé en droit des successions.

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